William BRADFORD HUIE : les hommes du klan

Publié par Kepherton sur 27 Septembre 2006, 09:07am

Appréciation de Kepherton

Les Etats-Unis dans les années 1965. Les Etats-Unis connaissent un mouvement social d'ampleur qui revendique une égalité des Droits entre les Blancs et les Noirs. La population Américaine n'est pas complêtement accoutumée à l'idée et surtout, quelques villes conservatrices s'y opposent farouchement. C'est le cas en Alabama qui est une région dominée par le Ku Klux Klan. La police, la justice fédérée sont largement dominées par ce mouvement. Breck Stancill est un vétéran de la Guerre du Vietnam, un héros national au grand courage. Il vit à présent d'une façon plus simple. Retiré dans la forêt, il héberge quelques Noirs qu'il tente de réhabiliter et qu'il protège des menaces racistes. Il milite également fortement et ose se dresser contre l'organisation raciste.

Le sheriff local est un homme dont on dit le passé honorable. Lui aussi fut un vétéran du Vietnam et sa renommée en a fait un héros qui lui a ouvert les portes du poste de sheriff. Mais s'il tente de sauver la façade en protégeant l'ordre public, il est surtout un membre secret du Ku Klux Klan. Bridé entre deux logiques différentes, son appartenance à ce mouvement anti-Noirs et sa volonté d'améliorer un peu les choses, il est en réalité loin d'être un héros. L'auteur de ce roman nous dépeint un moment de l'histoire. En exposant le point de vue des membres de l'organisation, qui est décrite et qui comprend aussi bien de pauvres types que des ecclesiastiques ou le sheriff, mais aussi le point de vue de Breck, c'est un panorama qui nous est dressé, dans le but tout de même de révéler la sauvagerie de la terrible organisation. Rapidement, la dualité entre le héros unijambiste qu'est Breck et les membres du Ku Klux Klan s'officialise et se médiatise. L'organisation décide de prendre les initiatives de la guerre. Insultes raciales, brimades, viols organisés, meurtres, rien n'est trop pour humilier le peuple Noire. La jeune Loretta Strykes est emprisonnée et son odieux viol est organisé par l'organisation dans la prison, en l'absence du sheriff et impunément. La jeune Loretta rejoindra Breck pour tenter de se protéger, comme la jeune Nancy, une jeune femme blanche parce qu'elle sut rester stoïque après s'être fait violer par un Noir, le même qui viola Loretta.

Cette créature immonde, Verge-à-Foudre était connue pour les viols qu'il accomplit sur les Noirs et tolérée par le Ku Klux Klan. Il sera tué par eux un peu plus tard. Mais l'affaire complique sérieusement la tâche du sheriff dans son rôle de maintien de l'ordre. Tentant de jouer les intermédiaires entre l'organisation à qui il a prêté hommage et Breck, il fera ce qu'il pourra pour aider celui qu'il considère comme un ami. Mais à côté de lui, les cagoulards n'ont de cesse de vouloir recommencer. Cherchant à chasser les Noirs de l'Alabama, il s'en prennent à Breck et attaquent sa propriété. Puis ils réussissent à le faire emprisonner pour le meurtre de quelques cagoulards. Malgré une résistance incroyable, Stencill ne peut rien contre un système totalement pourri par la corruption et le racisme. Le combat courageux, héroïque et mortel de STencill nous est conté ici. Chez les Stencill, on est engagés de père en fils. Malgré l'opinion publique qui ne comprend pas son combat, la faible coopération des autorités locales et la haine des cagoulards, Stencill sut maintenir son cap. Mais attaqué sur ses terres, responsable en quelque sorte de la mort de ceux qu'il prétendait défendre, arrêté, condamné puis assassiné, il est l'exemple même de la difficulté à combattre ce mouvement. Il réussira pourtant à convaincre une personne de s'engager dans ce combat, le fils du sheriff.

Ce roman est très courageux. Publié en 1970 aux editions Julliard, il ose montrer le visage des membres de l'organisation secrète à une opinion publique qui n'est pas toujours convaincue. Dénonciateur, engagé, c'est un roman fort. L'intrigue se suit et le style d'écriture est suffisamment profond pour intéresser. Il reste que le style très cru de l'auteur, justement pour raconter et décrire les scènes de sauvagerie, manque de symbole et de lyrisme. Un roman cependant intéressant à lire.

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