Grasset, 2007, 176 pages
Appréciation de Kepherton
Ce roman est inspiré de l'histoire réelle d'une jeune femme qui vécut dans la Belgique du XIIè.
La passion selon Juette est un roman à deux voix. Il y a d'abord Juette, jeune enfant de 13 ans, traversée par ses histoires de chevaliers, ses rêves, ses peurs. Son père la destine néanmoins à un homme qui l'épouse et ne s'embarrasse pas de ses rêves de jeunesse. Juette vivra ce mariage avec la résignation d'une fillette que l'on a sacrifiée. Lorsque son époux meurt, seulement quatre ans après le mariage, elle se réfugie dans un ordre religieux de femme au service des lépreux. Commence alors un rêve de revanche contre l'ordre masculin et l'Eglise grasse et bien nourrie. Un combat qui fait de Juette la figure même d'une sainte, celle qui se sacrifie.
Les récits à la première personne de Juette sont entrecroisés par ceux d'Hugues, prêtre de l'abbaye de Floreffe qui est le seul à la comprendre et assiste, impuissant et admiratif, au calvaire et à la grandeur de cette jeune demoiselle.
Ce roman souffre largement d'une comparaison avec le monde actuel. La passion selon Juette sonne comme une invocation du passé au service d'un message à porter à notre époque présente. Ce n'est par conséquent pas une fresque historique dont les personnages n'ont par ailleurs pas la consistance. Leurs humanités, leurs personnalités n'est pas suffisamment décrite. J'attendais en vérité les élans d'une fresque, que j'ai rencontrés dans bien d'autres romans historiques, traversée par la puissance d'un récit à la première personne au moins aussi intense que le difficile Pavillon des enfants fous de Valérie Valère.
Mon attente a donc été entièrement déçue. En vérité, ce roman est d'abord la mise en exergue d'un personnage plus ou moins emblématique mais symbolisant les débuts du féminisme. Juette n'a pas de personnalité particulière, son univers ne nous est pas suffisamment montré. Mais qu'importe, Juette souffre, Juette se sacrifie et Juette se venge de l'Eglise en se rapprochant d'une conception très pure de Dieu. C'est donc à mon sens l'intérêt principal de cet ouvrage qui se lit avec un oeil conservé sur les temps présents, sur notre perception actuelle du Moyen-Age, avec ses points noirs, et en quelque sorte sur les tares de notre société.
A partir de ce constat, le livre n'est pas ennuyeux. Il est bien écrit et l'histoire se suit avec d'autant plus de facilité que le roman est court.