Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Bibliovora

Bibliovora

Le blog des passionnés de lecture ! Je partage avec vous mes chroniques, n'hésitez pas à donner votre avis.


Biographie d'Isidore DUCASSE, Comte de LAUTREAMONT

Publié par Kepherton sur 2 Février 2007, 16:47pm

Catégories : #biographies

Biographie disponible sur le site Anthologie.free.fr et reproduite avec l'aimable autorisation de son webmestre.

[1846] - [1870]

 

«Je remplace la mélancolie par le courage, le doute par la certitude, le désespoir par l'espoir, la méchanceté par le bien, les plaintes par le devoir, le scepticisme par la foi, les sophismes par la froideur du calme et l'orgueil par la modestie.»

Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont, Poésies, exergue.

 

Comme Jules Laforgue, Lautréamont, de son vrai nom Isidore Ducasse, est né à Montevideo (Uruguay) le 4 avril 1846, jour de la saint Isidore. Mais sa vie est beaucoup moins connue que celle de l'auteur «des Complaintes».

Fils d’émigrés français, d'un père chancelier au consulat de France de Montevideo, et d'une mère qui mourut l'année suivant sa naissance, Isidore Ducasse commence ses études chez les jésuites, avant d'être envoyé dans le sud-ouest en France pour des études secondaires d'abord au lycée impérial de Tarbes (1859) d'abord, puis à celui de Pau d'octobre 1863 à l'année 1865. Son tuteur, durant cette période, est Jean Dazet, avoué tarbais, dont Georges, le plus jeune des fils, sera nommé dans «Les Chants de Maldoror».

Tentant tour à tour le baccalauréat ès lettres (sans succès), puis le baccalauréat ès sciences (on ignore quel résultat sanctionna ce dernier examen), Ducasse rejoint, de mai à octobre 1867, son Uruguay natal.

De retour en France, il loge à Paris dans un hôtel de la rue Notre-Dame-des-Victoires et fait ses estudios, études supérieures dont on ne connaît pas la nature exacte: il semble avoir préparer le concours d'admission à l'École Polytechnique.

Dans ce médiocre meublé parisien, il se consacre aussi à la lecture des grands classiques français ou anglo-saxons et au début de la rédaction d'un étrange ouvrage en prose poétique, Les Chants de Maldoror, dont il publie à ses frais et sans signature le premier chant en août 1868. Le volume complet sortira durant l’été de 1869 des presses d’Albert Lacroix, l’illustre éditeur de Hugo, Eugène Sue, Émile Zola... Le livre, imprimé à Bruxelles en Belgique, ne porte pas sur sa couverture la raison de l’éditeur et sera signé de son nom d'auteur: «Comte de Lautréamont». Mais, en raison des craintes de son éditeur, effrayé par la violence et les audaces du livre, la diffusion de l'ouvrage est suspendue. Ducasse s’adresse alors à Poulet-Malassis, l’ancien éditeur des «Fleurs du mal» réfugié en Belgique, pour que ce dernier, qui vient de signaler les Chants dans le numéro 7 de son Bulletin des publications défendues en France imprimées à l’étranger, veuille bien se charger de leur vente en Belgique et en Suisse. Tout laisse croire que sa demande resta sans lendemain.

Dans une lettre du 21 février 1870 au même correspondant, Ducasse annonce son intention de corriger dans son prochain livre un certain nombre de ses textes, ainsi que ceux de plusieurs poètes célèbres. Bientôt, sous son véritable nom, il fait imprimer chez Balitout, Questroy et Cie, auxquels il avait recouru pour son premier Chant, le premier fascicule d’un ouvrage intitulé «Poésies». Deux mois plus tard, en juin, sort le second fascicule de cette publication, considérée par son auteur comme «permanente» et «sans prix» – chaque souscripteur pouvant verser la somme qu’il veut. Était-ce là le volume nouveau dont il avait annoncé la mise en chantier à Jean Darasse, banquier de son père à Paris, le 12 mars 1870, volume pour lequel – affirmait-il – une préface de soixante pages était déjà composée, à paraître chez A. Lemetre? L’été de 1870 n’est guère favorable aux écrivains: la France vient de déclarer la guerre à la Prusse. Le second Empire s’effondre lors de la défaite de Sedan, et c’est dans une capitale assiégée que Ducasse, déclaré «homme de lettres», meurt, le 24 novembre, pour une cause inconnue en son domicile du 7, Faubourg-Montmartre, à huit heures du matin. Un service religieux sera célébré le lendemain dans l’église de son quartier, Notre-Dame-de-Lorette. Sur sa tombe était gravé en guise d'épitaphe: «Ci-gît un adolescent qui mourut poitrinaire: vous savez pourquoi. Ne priez pas pour lui.»

Les lecteurs actuels ont bien failli ne jamais connaître l’oeuvre d’Isidore Ducasse mort, bien peu connaissaient son oeuvre, excepté les deux directeurs de feuilles littéraires sans éclat, Frédéric Damé et Alfred Sircos, qui figuraient parmi les dédicataires de ses Poésies. Le livre, racheté par le libraire-éditeur tarbais Jean-Baptiste Rozez installé en Belgique, sera réédité et mis en vente en 1874 sous une nouvelle couverture, mais il faudra attendre encore une décennie (1885) pour qu’il attire inopinément l’attention de Max Waller, le directeur de La Jeune Belgique. Max Waller le montrera à certains de ses amis: Iwan Gilkin, Albert Giraud, qui en recommandent la lecture à Huysmans, Léon Bloy... Les Chants vont vivre alors d’une nouvelle vie, d’autant que Léon Genonceaux les réédite en 1890. Les Poésies ne bénéficieront certes pas de la même chance, bien que Remy de Gourmont les signale dès 1891 dans Le Mercure de France et que Valery Larbaud dans La Phalange du 20 février 1914 en analyse la portée. Aragon et Breton en recopient tardivement l’unique exemplaire connu conservé à la Bibliothèque nationale et en font découvrir le contenu dans deux livraisons successives de leur revue Littérature (no 2, avr. 1919; no 3, mai 1919).

Les six chants qui forment l'ouvrage des Chants de Maldoror sont l'oeuvre d'un homme de vingt-deux ans que la mort emportera à peine un an plus tard. L'influence de ces pages ira grandissante tout au long du XXe siècle, en particulier sous l'impulsion d'André Breton qui verra dans ce livre «l'expression d'une révélation totale qui semble excéder les possibilités humaines!» et qui, louant cette littérature de la révolte, écrivit aussi: «C'est au comte de Lautréamont qu'incombe peut-être la plus grande part de l'état de choses poétique actuel : entendez la révolution surréaliste.»

Mots-clés : Lettre D, littérature française

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents